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Page:Caumont - Les Fées contes des contes.pdf/101

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même de deshabiller Carados ; (cet employ luy étoit bien doux) & quand il fut dans la cuve, elle ſe mit promptement dans l’autre. La ſerpente qui étoit au bras de Carados, & qui haïſſoit le vinaigre, devoit ſe détacher de ſon bras, & ſauter dans la cuve de lait qu’elle aimoit fort, & devoit s’attacher au ſein d’Adelis.

Le Roy Candor étoit au milieu des deux cuves, ſon épée en l’air pour fraper la ſerpente dans le temps qu’elle s’élanceroit.

La fidelle Adelis avoit le bout du ſein hors de la cuve, & appelloit tendrement la ſerpente ; & voyant qu’elle ne venoit pas aſſez tôt ſelon ſes deſirs, elle ſe mit à chanter ces paroles d’une voix charmante.

  Serpente aviſe mes mammelles,
    Qui ſont tant tendrettes & belles,
      Serpente aviſe ma poitrine,
  Qui plus blanche eſt que fleur d’épine.

À cet aimable chant la ſerpente ne fit qu’un bond pour s’élancer dans la cuve de la Princeſſe, & ſe prit au bout de ſon ſein. Le Roy Candor ne fut ni aſſez