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Page:Caumont - Les Fées contes des contes.pdf/129

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Tourbillon s’éleva en l’air avec impetuoſité, & partit rapidement ; il poſa ſon Palais au bout du jardin du Roy, & tout prés de celuy où l’on retenoit la Princeſſe.

Il abbatit d’abord un pan de muraille, & fit faire promptement une porte qui donnoit de l’appartement de Nirée dans celuy de Pretintin. La jeune Princeſſe dormoit quand ſes deux amis entrerent dans ſa chambre. C’étoit l’Eſté, il faiſoit chaud, les rideaux de ſon lit étoient relevez ; elle avoit un bras paſſé ſur ſa tête, & ſon autre main ſembloit retenir par modeſtie le linge qui la couvroit.

Une bougie prés de ſon lit faiſoit voir ſon charmant viſage. Nirée ſe jetta à genoux d’un côté du lit, & Tourbillon paſſa de l’autre. Nirée reſpectueux & tendre la conſideroit paiſiblement ſans en oſer preſque approcher ; Tourbillon emporté & peu circonſpect prit ſa main avec ſa liberté ordinaire, la baiſa, & l’éveilla en ſurſaut.

Sa ſurpriſe la fit treſſaillir, elle ne vit en ouvrant les yeux que Nirée, plus beau que le fils de Venus, elle luy tendit la main en rougiſſant, & tournant la tête