Aller au contenu

Page:Caumont - Les Fées contes des contes.pdf/15

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Etats, la Reine ſa femme y accoucha, & donna la vie à une fille, qui parut ſi prodigieuſement belle au moment de ſa naiſſance, que les Courtiſans, ſoit pour ſa beauté ou par envie de faire leur Cour la nommerent plus belle que Fée ; l’avenir fit bien voir qu’elle meritoit un nom ſi illuſtre. À peine la Reine fut elle relevée de couche, qu’il fallut qu’elle ſuivit le Roy ſon mary qui partit en diligence, pour aller défendre une Province éloignée que ſes ennemis attaquoient.

On laiſſa la petite Plus belle que Fée avec ſa Gouvernante, & les Dames qui lui étoient neceſſaires. On l’éleva avec beaucoup de ſoin ; & comme ſon pere eut à ſoûtenir une longue & cruelle guerre, elle eut le loiſir de croître & d’embellir. Sa beauté ſe rendit fameuſe par tous les Païs circonvoiſins, on ne parloit d’autre choſe ; & à douze ans on l’eût plûtôt priſe pour une Divinté, que pour une perſonne mortelle : un frere qu’elle avoit la vint voir pendant une Tréve, & ſe lia avec elle d’une parfaite amitié.

Cependant la renommée de ſa beauté, & le nom qu’elle portoit irriterent tel-