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Page:Caumont - Les Fées contes des contes.pdf/150

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les yeux, quand la Princeſſe l’apperçut : elle étoit plongée dans l’eau. Elle ſe leva inconſiderément ſans ſavoir ce qu’elle faiſoit, & par là elle offrit de nouvelles beautez aux regards du Prince amoureux. La proportion & les graces de cette divine Figure luy cauſerent un ſi tendre tranſport, qu’il ne put s’empêcher de luy dire avec impetuoſité tout ce qu’il reſſentoit. Bleu ne pouvoit ſe cacher, elle n’avoit plus le voile d’illuſion, il étoit à terre aves ſes habits ; & à dire le vray elle n’en fut pas fâchée, & trouva quelque plaiſir à l’effet que produiſoit ſa beauté. Il y avoit même tant d’eſprit à ce que le Prince luy diſoit, & ſes ſentimens paroiſſoient ſi nobles & fi naturels, que la Princeſſe par un inſtinct qui eſt preſque toûjours ſur, ne douta pas qu’il ne fût celuy que le Ciel avoit fait naître pour ſon bonheur. Elle voulut luy répondre avec fierté, mais elle n’eut que de la modeſtie. En le priant de la laiſſer, elle le retenoit par une action paſſionnée ; elle vouloit qu’il ne luy parlât plus d’amour, & ſes regards luy faiſoient voir que ſon cœur en étoit tout rempli. Enfin il luy obéït : mais il obtint pour prix de