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Page:Caumont - Les Fées contes des contes.pdf/161

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Je deſeſperois, luy dit elle, de finir vos malheurs & ceux de la Princeſſe Bleu, Thiphis étant d’un ſavoir auſſi grand que le mien : mais j’ay tant étudié vôtre deſtin, que j’ay enfin appris qu’auſſitôt que je ſaurois ce qu’il y a d’oppoſition entre vous deux, les charmes de Thiphis ſe romproient, & que je n’aurois qu’à ſuivre mon Pelican : que je retrouverois la Princeſſe, & que je n’aurois qu’à la reprendre.

Je me ſuis creuſé la tête inutilement à chercher cette oppoſition ; j’avouë ma ſtupidité ; je ne l’ay point trouvée : il y a ſix mois que je vis inquiette, ſeparée d’une fille que j’aime tant, & qui merite toute la vivacité de ma tendreſſe.

Je me promenois un jour pleine de triſteſſe, & je m’arretay inſenſiblement à conſiderer l’œconomie excellente des fourmis. Il y avoit une de ces petites Republiques qui étoit occupé à ſon travail ordinaire ; je les obſervois avec plaiſir, quand je m’apperçûs qu’elles faiſoient de differentes figures, & qu’étant de petits corps joints enſemble formoient ces paroles diſtinctement :