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Page:Caumont - Les Fées contes des contes.pdf/221

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approché, pleura auſſi de la douleur qu’elle reſſentoit. Il prit ſon petit doigt, le preſſoit, & en faiſoit ſortir le ſang tout doucement.

La Bonne Femme qui vit leur allarme pour cette bleſſure, s’approcha d’eux ; & ſachant ce qui l’avoit cauſée : Quelle curioſité auſſi, luy dit-elle ? Pourquoi dépoüiller cette Fleur que vous aimez tant ? Je voulois ſon cœur, réprit Lirette. Ces deſirs ſont toûjours funeſtes, repliqua la Bonne Femme. Mais, ma mere, interrompit Lirette, pourquoi cette Fleur qui eſt fi belle & qui me plaît tant, a-t-elle des épines ? Pour vous montrer, pourſuivit la Bonne Femme, qu’il faut nous défier de la plûpart des choſes qui plaiſent à nos yeux, & que les objets les plus agreables cachent des pieges qui peuvent nous être mortels. Comment, reprît Lirette, il ne faut donc pas aimer tout ce qui paroît aimable ? Non ſans doute, luy dit la Bonne Femme, & il s’en faut bien garder. Mais j’aime mon frere de tout mon cœur, réprit-elle ; il eſt ſi beau & fi charmant. Vous pouvez aimer vôtre frere, réprit ſa mere : mais s’il n’étoit pas vôtre frere, vous ne le devriez pas aimer.