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Page:Caumont - Les Fées contes des contes.pdf/74

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couché la mariée, on la laiſſa ſeule ſelon la coûtume de ce temps-là, & elle par une puiſſance ſecrete ne put demeurer dans ſon lit : elle en ſortit, & entra dans un cabinet qui étoit à côté de ſa chambre. Elle s’aſſit ſur un petit lit de repos, s’amuſant à regarder les raretez de ce beau lieu, ce cabinet étant tout éclairé : mais elle eut bientôt une autre occupation quand elle vit entrer le Seigneur des Iſles lointaines.

Il ſe mit à genoux devant elle, luy dit qu’il l’aimoit ; & elle ſentit une ſi grande inclination pour luy, que toute la magie ne peut former rien de ſemblable, s’il n’eſt pris dans un ſentiment naturel.

Il dit à la Reine les plus belles choſes du monde ; elle y répondit ſi bien qu’il ſe crut heureux, & il luy avoüa qu’il avoit mis dans le lit du Roy une eſclave, qu’il prendroit pour elle. Iſene en rit, & paſſa la nuit à ſe mocquer de ſon mary ; & le jour étant venu, elle parut comme ſi de rien n’étoit.

Le Roy fort charmé de la bonne fortune qu’il avoit euë, ſe trouvoit le plus content de tous les hommes : mais l’Enchanteur étoit le plus amoureux & le plus ſatisfait. Il remporta tous les prix