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Page:Caumont - Les Fées contes des contes.pdf/85

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des Iſles lointaines, & qu’il étoit ſon pere. À cette nouvelle le Prince rougit, & ſon viſage s’alluma de colere ; il dit à l’Enchanteur que cela n’étoit point vray, qu’il vouloit noircir la reputation d’Iſene la belle, & que le Roy ſon mary étoit ſon pere. L’Enchanteur ſut ſurpris de trouver un ſi mauvais naturel. Vous étes un ingrat, luy répondit-il : mais vous n’en étes pas moins mon fils c’eſt moy qui vous ay doüé de tant de belles qualitez qui vous font aimer de tout le monde. Ah ! Carados j’ay peur que vous ne vous repentiez de la dureté que vous me témoignez.

Ils ſe ſéparerent, & quelques jours aprés. Carados qui n’avoit pas ſçû être le fils de l’Enchanteur, eut envie d’aller voir celuy qu’il vouloit qui fût ſon pere, il prit donc congé du bon Roy & de la Reine, & fut trouver le mary d’Iſene la belle.

Il fut reçû avec de grandes démonſtrations d’amitié par le Roy & la Reine ; & quand il fut ſeul avec le Roy, qui luy parloit de la crainte qu’il avoit euë pour ſa mort qu’un inconnu pourſuivoit, Carados fut aſſez imprudent pour luy conter tout ce que l’Enchanteur luy avoit dit.