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Page:Caumont - Les Fées contes des contes.pdf/93

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ſez, qui ſortoient avec une exprefſion de douleur qui eût attendry une ame moins intereſſée en ſa peine, que celle d’Iſene la belle.

Elle le regardoit triſtement ; & quand il fut revenu de ſa confuſion, il luy conta avec mille ſanglots le ſupplice où l’on avoit ſoûmis ſon amour. Iſene en pâlit à ſon tour, & trop vivement offenſée contre le cruel Carados : Eſt-il poſſible, s’écria t elle, que ce ſoit nôtre fils ! qu’il meure je ne le connois plus. Mais non, réprit-elle, qu’il ſouffre comme vous avez ſouffert.

Aprés cela ils ſe concerterent, & le lendemain la Reine envoya chercher Carados, luy mandant qu’elle luy vouloit parler. Il ſe rendit auprés d’elle, il la trouva ſes cheveux épars ; elle luy dit qu’elle ne croyoit pas qu’il vint ſitôt, qu’elle s’alloit dépêcher de ſe coëffer, mais qu’il ouvrît ſon armoire, & qu’il luy donnât un beau peigne d’yvoire qu’on luy avoit envoyé de Rome.

Carados voulut obéïr, il ouvrit l’armoire : mais à peine avançoit-il la main qu’une ſerpente le picqua au bras, & y fit trois tours avec ſon corps, La picqueure fut ſi douloureuſe, que Carados