Aller au contenu

Page:Cazotte - Le Diable amoureux.djvu/178

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pas le voir où il était, et le voyais partout où il n’était pas.

Le jeu cessait de m’offrir une dissipation attachante. Le pharaon, que j’aimais passionnément, n’étant plus assaisonné par le risque, avait perdu tout ce qu’il avait de piquant pour moi. Les singeries du carnaval m’ennuyaient ; les spectacles m’étaient insipides. Quand j’aurais eu le cœur assez libre pour désirer de former une liaison parmi les femmes du haut parage, j’étais rebuté d’avance par la langueur, le cérémonial et la contrainte de la cicisbeature. Il me restait la ressource des casins des nobles, où je ne voulais plus jouer, et la société des courtisanes.

Parmi les femmes de cette dernière espèce, il y en avait quelques-unes plus distinguées par l’élégance de leur faste et l’enjouement de leur société, que par leurs agréments personnels. Je trouvais dans leurs maisons une liberté réelle dont j’aimais à jouir, une gaieté bruyante qui pouvait m’étourdir, si elle ne pouvait me plaire ; enfin un abus continuel de la raison qui me tirait pour quelques moments des entraves de la mienne. Je faisais des galanteries à toutes les femmes de cette espèce chez lesquelles j’étais admis, sans avoir de projet sur aucune ; mais