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Page:Cazotte - Le Diable amoureux.djvu/200

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dont j’ai si indignement reconnu les bontés, je ne veux pas te survivre. Je mourrai après avoir sacrifié sur ta tombe la barbare Olympia !

Si tu m’es rendue, je serai à toi ; je reconnaîtrai tes bienfaits ; je couronnerai tes vertus, ta patience, je me lie par des liens indissolubles, et ferai mon devoir de te rendre heureuse par le sacrifice aveugle de mes sentiments et de mes volontés.

Je ne peindrai point les efforts pénibles de l’art et de la nature pour rappeler à la vie un corps qui semblait devoir succomber sous les ressources mises en œuvre pour le soulager.

Vingt et un jours se passèrent sans qu’on pût se décider entre la crainte et l’espérance : enfin, la fièvre se dissipa, et il parut que la malade reprenait connaissance.

Je l’appelai ma chère Biondetta, elle me serra la main. Depuis cet instant, elle reconnut tout ce qui était autour d’elle. J’étais à son chevet : ses yeux se tournèrent sur moi ; les miens étaient baignés de larmes.

Je ne saurais peindre, quand elle me regarda, les grâces, l’expression de son sourire. « Chère Biondetta ! reprit-elle ; je suis la chère Biondetta d’Alvare. »