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Page:Cazotte - Le Diable amoureux.djvu/49

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de Dieu, que je suis sûr qu’Homère est un sot. » En effet, il était sûr de l’un comme de l’autre ; et l’on avait parlé d’Homère et de Dieu, et il y avait là des convives qui avaient dit du bien de l’un et de l’autre.

La conversation devient plus sérieuse ; on se répand en admiration sur la révolution qu’avait faite Voltaire, et l’on convient que c’est là le premier titre de sa gloire : « Il a donné le ton à son siècle, et s’est fait lire dans l’antichambre comme dans le salon. »

Un des convives nous raconta, en pouffant de rire, que son coiffeur lui avait dit, tout en le poudrant : « Voyez-vous, monsieur, quoique je ne sois qu’un misérable carabin, je n’ai pas plus de religion qu’un autre. »

On en conclut que la révolution ne tardera pas à se consommer ; qu’il faut absolument que la superstition et le fanatisme fassent place à la philosophie, et l’on en est à calculer la probabilité de l’époque, et quels seront ceux de la société qui verront le règne de la raison. Les plus vieux se plaignent de ne pouvoir s’en flatter ; les jeunes se réjouissent d’en avoir une espérance très-vraisemblable ; et l’on félicitait surtout l’Académie d’avoir préparé le grand œuvre,