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Page:Cazotte - Le Diable amoureux.djvu/52

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vous couperez les veines de vingt-deux coups de rasoir, et pourtant vous n’en mourrez que quelques mois après. »

On se regarde et on rit encore. « Vous, monsieur Vicq-d’Azir, vous ne vous ouvrirez pas les veines vous-même ; mais, après vous les avoir fait ouvrir six fois dans un jour, après un accès de goutte pour être plus sûr de votre fait, vous mourrez dans la nuit. Vous, monsieur de Nicolaï, vous mourrez sur l’échafaud ; vous, monsieur Bailly, sur l’échafaud…

— Ah ! Dieu soit béni ! dit Roucher, il paraît que monsieur n’en veut qu’à l’Académie ; il vient d’en faire une terrible exécution ; et moi, grâce au ciel…

— Vous ! vous mourrez aussi sur l’échafaud.

— Oh ! c’est une gageure, s’écrie-t-on de toute part, il a juré de tout exterminer.

— Non, ce n’est pas moi qui l’ai juré.

— Mais nous serons donc subjugués par les Turcs et les Tartares ? et encore !…

— Point du tout, je vous l’ai dit : vous serez alors gouvernés par la seule philosophie, par la seule raison. Ceux qui vous traiteront ainsi seront tous des philosophes, auront à tout moment dans