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Page:Cellini, Oeuvres completes, trad leclanché, 1847.djvu/27

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peu d’importance. Du mariage de cet Andrea naquirent quatre enfants mâles. Le premier s’appelait Girolamo ; le second, Bartolommeo ; le troisième, qui fut mon père, Giovanni ; le quatrième, Francesco.

Andrea Cellini était fort versé dans l’architecture de son temps et vivait de cet art. Giovanni, mon père, s’y appliqua plus qu’aucun de ses frères ; et comme, à en croire Vitruve, pour y exceller il faut être un peu musicien et bien dessiner, il devint bon dessinateur et commença à cultiver la musique. Il apprit en même temps à très-bien jouer de la viole et de la flûte. Tel était son amour pour l’étude, qu’il sortait peu de la maison. Il avait pour voisin Stefano Granacci, qui avait plusieurs filles d’une rare beauté. Dieu permit que Giovanni vit une d’elles qui se nommait Elisabetta. Elle lui plut au point qu’il la demanda en mariage, Grâce au voisinage, les deux pères se connaissaient parfaitement ; aussi l’alliance fut-elle facile à conclure : chacun d’eux pensait avoir très-bien arrangé ses affaires. Ce fut seulement après avoir célébré la noce que les deux bons vieillards se mirent à parler de la dot. Une discussion amicale s’éleva alors entre eux. Andréa disait à Stefano : — « Mon fils Giovanni est le plus vaillant jeune homme de Florence et d’Italie, et, si j’avais voulu le marier auparavant, j’aurais eu une des meilleures dots qui se donnent à Florence aux gens de notre condition. » — Stefano répliquait : — « Tu as mille fois raison, mais moi, j’ai cinq filles et autant de garçons : de sorte que, mon compte fait, je ne puis lâcher rien de plus. » — Giovanni, qui les avait écoutés sans être aperçu, se montra à l’improviste et dit : — « Ô mon père, j’ai désiré et aimé cette jeune fille, mais non leurs écus. Malheur à celui qui veut rebâtir sa fortune avec la dot de sa femme ! Tout à l’heure vous vantiez mon habileté, comment alors ne serais-je pas capable de subvenir aux dépenses de ma maison et aux besoins de ma femme, avec