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Page:Cellini, Oeuvres completes, trad leclanché, 1847.djvu/59

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élève de Raphaël d’Urbin[1], était intimement lié avec l’évêque de Salamanque. Il me poussa si avant dans les bonnes grâces de ce seigneur, que j’en reçus de nombreuses commandes qui me valurent de gros profits.

À cette époque, j’allais dessiner tantôt dans la chapelle[2] de Michel-Ange, tantôt chez le Siennois Agostino Chigi, où se trouvaient une foule de magnifiques peintures de l’illustre Raphaël. Le palais d’Agostino[3] étant habité par son frère messer Gismondo Chigi, je ne pouvais y entrer que les jours de fête. Les Chigi étaient très-fiers quand ils voyaient de jeunes artistes comme moi venir chercher dans leur palais des sujets d’études. La femme de messer Gismondo, qui était gracieuse au possible et belle au delà de toute expression, m’ayant souvent aperçu chez elle, m’aborda un jour, regarda mes dessins et me demanda si j’étais peintre ou sculpteur. Je lui appris que j’étais orfèvre. Elle me dit que je dessinais trop bien pour un orfèvre ; puis, s’étant fait apporter par une de ses caméristes un lis composé de magnifiques diamants montés en or, elle me le montra, en me priant de l’estimer. Je l’évaluai à huit cents écus. Elle me dit que je ne m’étais point trompé, et me demanda ensuite si je me sentais capable de faire une belle monture à ses diamants. Je lui répondis af-

    l’âge de quarante ans environ, en 1528. « L’aménité de son caractère, dit Vasari, ses dispositions pour la peinture et ses autres qualités furent cause que Raphaël le prit dans sa maison et lui prodigua tous ses soins, de même qu’à Jules Romain. Raphaël considéra toujours ces deux artistes comme ses enfants, et, à sa mort, il le prouva en les instituant ses héritiers. » Le Fattore fut l’un des collaborateurs les plus dévoués et les plus intelligents de son illustre maître, et l’un des derniers soutiens de l’école romaine. Il contribua à l’avancement de l’école napolitaine, en lui léguant son excellent élève, le Pistoia. — Voy. Vasari, Vie du Fattore, t. VI, p. 96. L. L.

  1. Comme Michel-Ange, Raphaël est une de ces figures colossales dont on ne saurait, sans insolence, tenter l’esquisse en quelques lignes. — Nous renvoyons donc encore le lecteur à Vasari, Vie de Raphaël, t. IV, p. 207. L. L.
  2. La chapelle Sixtine, où se trouve le Jugement dernier de Michel-Ange. L. L.
  3. Connu aujourd’hui sous le nom de la Farnesina. L. L.