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Page:Chénier - Œuvres poétiques, édition Moland, 1889, volume 1.djvu/363

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Ou du noir cacao la liqueur onctueuse
Teint sa bouche et ses lis d’une empreinte écumeuse.


LXI[1]


Je revois tous ses traits, son air, son vêtement.
Comme elle était assise, et son geste charmant.
C’est ainsi qu’avec grâce elle tournait la tête,
Ainsi qu’elle parlait, qu’elle restait muette.
Que ses cheveux erraient négligemment épars ;
Et telle était sa voix, et tels ses doux regards.


Ex Ovid., Fast., II.


LXII[2]


Ô ! de nœuds mutuels, dieux, formez nos liens !
Ou donnez-lui des fers, ou dégagez les miens.
Mais laissez-moi les miens et qu’elle les partage ;
Et qu’ensuite le temps jamais ne nous dégage.
Vois, ma belle…, faut-il prier les dieux
D’ôter de ma mémoire et ta voix et tes yeux ?
Faut-il désespérer de t’avoir pour amie ?
D’être nommé ton cœur, de t’appeler ma vie !
Faut-il ne t’aimer plus ? Ah ! plutôt aime-moi ;
Et je ne voudrais point pouvoir vivre sans toi.


Tib., l. IV, él. 5 ; l. II, él. 2.
  1. Éd. G. de Chénier.
  2. Éd. G. de Chénier.