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Page:Chénier - Œuvres poétiques, édition Moland, 1889, volume 1.djvu/365

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Je ne sais : rarement en un excès si tendre
Tes caresses le jour ont osé se répandre,
Qu’elles ne m’aient caché sous leurs baisers menteurs
Quelque piège imprévu qui me coûtait des pleurs.
Ô ne me trahis point ! Grâce, ô belle perfide !


Faut-il accabler celui qui ne se défend point ? celui sur qui l’on peut tout… et finir tout cela par lui dire, après un long bavardage amoureux, de venir vous caresser encore, et contredire ainsi le commencement, mais sans affectation.



LXV[1]


Élég. fin.[2]


Vois ta brillante image à vivre destinée,
D’une immortelle fleur dans mes vers couronnée.
L’étranger, dans mes vers contemplant tes attraits,
S’informera de toi, de ton nom, de tes traits,
Et quelle fut enfin celle qui, dans la France,
Était la Lycoris du Gallus de Byzance.
De la reine d’amour les jeunes favoris
Demanderont aux Dieux une autre Lycoris.
L’amante inquiétée ou la fidèle épouse
Te verra dans mes vers et deviendra jalouse.
Un enfant d’Apollon, par l’amour excité,
Fait aux rides du temps survivre la beauté.

  1. Éd. G. de Chénier.
  2. C’est-à-dire que ces ver devaient être la fin d’une élégie.