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Page:Chénier - Œuvres poétiques, édition Moland, 1889, volume 1.djvu/55

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Les perles de la poésie
Forment, sous leurs doigts d’ambroisie,
D’un collier le brillant contour.
Viens, Fanny : que ma main suspende
Sur ton sein cette noble offrande…

La pièce reste ici interrompue ; pourtant je m’imagine qu’il n’y manque qu’un seul vers, et possible à deviner ; je me figure qu’à cet appel flatteur et tendre, au son de cette voix qui lui dit : Viens, Fanny s’est approchée en effet, que la main du poète va poser sur son sein nu le collier de poésie, mais que tout d’un coup les regards se troublent, se confondent, que la poésie s’oublie, et que le poète comblé s’écrie, ou plutôt murmure en finissant :

Tes bras sont le collier d’amour[1] !

Il résulte, pour moi, de celle quantité d’indications et de glanures que je suis bien loin d’épuiser, il doit résulter pour tous, ce me semble, que, maintenant que la gloire de Chénier est établie et permet, sur son compte, d’oser tout désirer, il y a lieu véritablement

  1. Ou peut-être plus simplement :
    Ton sein est le trône d’amour.

    — M. Becq de Fouquières croit que « la rime à contour ne devait point être amour ». Il propose ce vers :

    Tendre marque d’un si beau jour.
    Nous préférons les conjectures de M. Sainte-Beuve (L. M.)