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Page:Chamberlain - Richard Wagner, sa vie et ses œuvres, 1900.djvu/117

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me préparer à vivre jusqu’à un âge avancé, car ce sera pour le plus grand bien de beaucoup d’autres. »

Comme pour toutes les entreprises de Wagner, tout marcha avec une rapidité prodigieuse. Même avant que Bayreuth eût été définitivement choisi comme le lieu futur des Festspiele, le plan du Festspielhaus était arrêté, à Triebschen, jusque dans ses moindres détails, ainsi que le projet de machinerie scénique ; en janvier 1872, les dernières difficultés relatives à l’emplacement de la future construction, à Bayreuth, étaient surmontées ; à la fin d’avril, Wagner se transportait définitivement à Bayreuth, et, le 22 mai, on posait la première pierre du Festspielhaus.


4. — 1872-1883.


Dès lors, c’est à Bayreuth que Wagner a sa demeure et son foyer. Là, après quarante ans de luttes presque ininterrompues, son art avait trouvé son lieu et le centre fixe d’où ses bienfaits, en dépit de toutes les résistances, allaient rayonner sur toute l’Allemagne et bien au delà de ses frontières. À l’ombre de son Festspielhaus, en ce coin d’Allemagne, où « sa fantaisie pouvait enfin se reposer », le maître se bâtit sa maison, « Wahnfried[1] ». C’est là qu’est son tombeau.

À résumer ces dernières années, quelques dates suffisent ; ce qu’elles racontent est, d’ailleurs, si lamen-

  1. Littéralement : « Paix de la fantaisie » ou peut-être mieux : « Paix après tant d’illusions ». Le mot « Wahn » est presque intraduisible. Il signifie proprement : le rêve trop beau pour se réaliser, l’illusion destinée à une déception fatale, la fantaisie qui promet plus qu’elle ne peut tenir,