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DEUXIÈME PARTIE

LES ÉCRITS ET LA DOCTRINE


Il faut toujours voir le symptôme de quelque obstacle dans le fait qu’un artiste interrompt son travail créateur, pour se poser devant le monde en théoricien. Et cet obstacle peut être l’effet ou d’une résistance extérieure, ou d’une lutte intérieure entre des principes contraires.

Vis-à-vis du monde extérieur, presque chaque artiste de génie se voit forcé de se défendre. Benvenulo Cellini y employa le poison et le poignard ; pour nous, modernes, la plume est l’arme naturelle. Gœthe, Schiller, Mozart et Gluck nous en ont fourni des exemples fameux.

Avec quelle noble vigueur Gœthe et Schiller se sont défendus contre la critique, alors déjà bornée et haineuse, c’est ce que chacun sait. Un fait moins connu, c’est que Mozart avait résolu d’écrire, sous le titre de : Critique musicale, un livre qui devait châtier ses contradicteurs et contribuer à lui faire rendre justice[1]. Et l’on doit à jamais déplorer qu’il n’ait pas exécuté ce projet, car ses lettres suffisent à nous montrer qu’il possédait une remarquable sagacité critique et que sa plume caustique et spirituelle savait fustiger impi-

  1. Lettre à son père, du 28 décembre 1782.