Page:Chamberlain - Richard Wagner, sa vie et ses œuvres, 1900.djvu/137

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la raison : les années pendant lesquelles son génie enfanta le Rheingold, la Valkyrie, Tristan et Iseult, et, en très grande partie du moins, les Maîtres chanteurs.

Ce fut toujours dans des circonstances analogues que, soit avant, soit après, Wagner, pour un temps, se fit écrivain. Toujours on peut s’assurer que sa plume ne se met en branle que pour réagir énergiquement contre quelque obstacle qu’il voit se dresser entre lui et son énergie créatrice.

La forme la plus brutale que revête cet obstacle, c’est le besoin (Paris, 1840). Plus tard, ce seront les abus criants du théâtre, ces abus dont une réorganisation aurait si facilement raison, ou l’aveuglement du public, qui ne comprend rien à toute œuvre sortant de sa routine, comme la Neuvième Symphonie. Contre les abus du théâtre, Wagner s’escrime dans des programmes, dans des projets de réorganisation (Dresde, 1846-1848). On le voit, ce sont des obstacles extérieurs qui, tout d’abord, le font écrire. Puis la conviction s’impose à lui que, pour l’œuvre d’art « de Valeur universelle », cette œuvre où il voyait la mission de sa vie, il faut d’abord « préparer le terrain » (Zurich, 1849-52). Et, sur celle voie, il se trouve bientôt forcé de « se prononcer contre toute l’économie artistique présente, dans ses relations avec l’organisation politico-sociale toute entière du monde moderne. » Mais aussitôt la négation fait place à l’affirmation, et l’Art et la Révolution est suivi de près par l’Œuvre d’art de l’avenir. Puis, à cette affirmation encore générale et plutôt philosophique, succède l’œuvre de construction, ce magistral Opéra et Drame, où Wagner élève l’imposant monument du drame nouveau. Après l’achèvement de ce manifeste capital, et de la Communication à mes amis, qui en est le complément, Wagner reconnaît qu’il a