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Page:Chamberlain - Richard Wagner, sa vie et ses œuvres, 1900.djvu/151

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dans les années (vers 1849-1852) où il se montre presque directement hostile au christianisme historique, il ne cesse point de parler de la religion comme de la base de la « vraie dignité humaine », comme de la source de tout art, etc. ; mais, par contre, les églises et la cristallisation de la révélation en dogmes, bien qu’il en parle généralement avec le plus grand respect et qu’elles lui fournissent le sujet de disgressions pleines d’aperçus inattendus, sont par lui tenues à distance, si bien qu’on peut avoir lu tous ses écrits, et se demander encore à quelle « confession » chrétienne il pouvait bien appartenir. La seconde antinomie consiste donc dans l’antagonisme, souvent exprimé, toujours présent à l’état latent, entre la religion, d’une part, et l’église, de l’autre.

Par la première antinomie, Wagner maintient et joint deux thèses qu’un esprit positif ne parvient pas, au premier abord, à concevoir réunies ; par la seconde, il en oppose deux qui sont communément censées se conditionner réciproquement.

Comme il s’agit ici de politique au sens restreint du mot, je n’y puis parler de religion qu’en passant : mais je ne puis m’abstenirde mentionner l’attitude de Wagner vis-à-vis d’une question aussi fondamentale dans la formation de la société humaine, ni d’en donner quelque éclaircissement, sauf à y revenir plus au long à propos de la doctrine de la régénération. Il importe, surtout, d’étudier cette attitude à l’époque révolutionnaire.

Lorsque, dans son discours à l’Association patriotique, la seule harangue politique qu’il ait jamais prononcée, Wagner proposait une transformation radicale de nos institutions sociales, sur quoi ce rouge fondait-il l’assurance avec laquelle il envisageait l’avenir ? Sur les parlements, peut-être ? Sur les droits de l’homme,