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Page:Chamberlain - Richard Wagner, sa vie et ses œuvres, 1900.djvu/184

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querait pour ses écrits antérieurs, parce que, comme il le dit lui-même, « ses concepts d’alors n’étaient pas appropriés à ses vues » ; mais maintenant, il n’y a plus de malentendu possible, et le jour s’est fait en lui, précisément, parce que Schopenhauer lui a fourni ces « concepts appropriés », — adéquats, si l’on veut, — qui lui avaient manqué jusque-là. Il n’y a donc eu ni conversion, ni découverte, mais, pourrait-on dire, mise en lumière pure et simple de ce qui existait déjà.


IV


De ce qui a été dit, ressort encore autre chose.

Pour bien comprendre, non seulement les écrits antérieurs à 1854, mais aussi ceux que Wagner a publiés après ce qu’on pourrait appeler sa rencontre avec Schopenhauer, il faut s’être familiarisé à fond avec la philosophie de ce dernier, car l’artiste ne s’est point mis à répéter ce que le grand philosophe avait formulé nettement et une fois pour toutes. Il a même dédaigné de corriger, en les amendant, ses publications de Zurich, parce qu’il voyait, dans la difficulté qu’il y a à les comprendre dans leur forme actuelle « un caractère particulier qui en recommande l’étude à tout lecteur sérieux ». (Dédicace de la seconde édition d’Opéra et Drame, 1863.) Une seule fois, dans son Beethoven (1870), Wagner a, en une certaine mesure, donné un chapitre philosophique qui semble un supplément à la Métaphysique de la Musique de Schopenhauer. Ce commentaire était nécessaire, parce que le philosophe, bien que là, comme ailleurs, il se soit montré un grand initiateur, a dû, en l’absence de connaissances plus spéciales dans le domaine musical,