Aller au contenu

Page:Chamberlain - Richard Wagner, sa vie et ses œuvres, 1900.djvu/290

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

usage en cherchant, dans les œuvres de Wagner, le poète qui s’y manifeste, qu’en épluchant des imperfections que tout homme raisonnable découvre tout seul.

Ce que je viens de dire n’est vrai d’aucun « opéra » de Wagner plus que de Rienzi, et c’est pourquoi il n’est peut-être aucune de ses œuvres qui, jusqu’à ce jour, soit restée si peu comprise, ou, peut-être, si mal comprise. Et comme, en outre, sur toutes les scènes, la fureur des coupures a si bien défiguré Rienzi que le drame en est devenu incompréhensible dans son développement, dans ce qui le motive et dans son dénouement, on a dû croire qu’on n’avait à faire, ici, qu’à des effets à la Scribe-Meyerbeer, à ce que Wagner a si bien appelé « des effets sans cause ». En fait, c’est bien une opinion généralement admise, que Rienzi serait un « opéra dans le style de Meyerbeer », voire : « de l’école de Meyerbeer » ! Tout d’abord, il faut rappeler que lorsque Wagner composa le poème de Rienzi, et la musique des deux premiers actes, qui déterminait déjà, forcément, la physionomie musicale de l’ensemble, il ne connaissait de Meyerbeer que Robert le diable, car ce fut en 1836 seulement que les Huguenots furent représentés à Paris, et ils ne pénétrèrent que bien plus tard à Kœnigsberg et à Riga, où Wagner séjourna dans les années suivantes. Qui voudrait, par contre, montrer les sources de Rienzi dans Robert le diable, en demanderait vraiment trop à l’imagination du lecteur le plus complaisant[1] ! Chacun, d’ailleurs, pourrait immédiatement reconnaître à quel genre d’opéra se rattache Rienzi, si les chefs-d’œuvre de

  1. Le Prophète, de Meyerbeer, dont on a, plus d’une fois, signalé la prétendue influence, ne fut représenté qu’en 1849, deux ans après que Lohengrin était achevé ! Il serait autrement vraisemblable de dire que c’est Rienzi qui a dû agir sur la conception générale du Prophète.