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Page:Chamberlain - Richard Wagner, sa vie et ses œuvres, 1900.djvu/307

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est-il aussi plus aisé de ressentir pleinement les beautés de ses dernières œuvres que de ses œuvres de début, Rienzi et le Vaisseau-Fantôme. En effet, celles-ci, comme le bouton qui ne s’est point encore épanoui, contiennent bien des beautés cachées, encore en germe. Mais avec Tannhäuser et Lohengrin, l’heure de la pleine floraison a sonné ; et ce sont précisément ces deux œuvres qui unissent le charme inconscient de la jeunesse à la beauté réfléchie et sûre d’elle-même.

Avec Tannhäuser et Lohengrin, d’autre part, nous posons le pied sur un terrain littéraire qui a été fouillé dans tous les sens. Tous les écrivains wagnériens de la première heure, Liszt, Mueller, Pohl, ont écrit des brochures sur Tannhäuser’. De 1849 jusqu’à aujourd’hui, les commentaires que ce soit au point de vue mythique, historique, musical ou poétique, n’ont pas cessé de paraître. C’est là un fait digne d’attention ; car si, sur la masse, il y a bien des non-valeurs, il y a eu pourtant, de Liszt jusqu’à Ferdinand Pfohl, bien des choses, aussi belles que profondes, dites sur Tannhäuser. On peut en dire autant de Lohengrin.

Je n’ai pas, ici, à m’occuper plus au long de ces essais exégétiques ; aussi me contenterai-je, en ce qui concerne Tannhäuser et Lohengrin, de renvoyer le lecteur à ce que Liszt a eu à en dire[1]. Mais ce qui est d’une bien autre importance, c’est ce que Wagner a dit de l’origine de ces œuvres dans sa Communication à mes amis. Là il rattache l’élément purement artistique aux expériences les plus intimes de son âme et y déroule un tableau de sa propre genèse, tel que lui seul pouvait le faire ; je ne gâterai pas ces belles pages,

  1. Œuvres complètes, vol. III, section deuxième : Richard Wagner, Leipzig, chez Breitkopf & Härtel, 1881.