Aller au contenu

Page:Chamberlain - Richard Wagner, sa vie et ses œuvres, 1900.djvu/322

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

son ensemble grandiose ». Le lecteur trouvera, dans le second volume des Œuvres complètes, et le texte complet de ce « grand opéra héroïque[1] », et aussi l’esquisse d’une dramatisation de l’ensemble du mythe, à partir du vol de l’Or du Rhin. Jésus de Nazareth[2] se présente sous la forme d’une esquisse en prose, assez détaillée, ou plutôt d’une suite de développements qui revêtent-moins la forme de fragments dramatiques, que celle de dissertations étendues sur tous les problèmes agités dans la pièce, par exemple, sur l’amour, sur la loi et le péché, sur la signification de la mort, sur le divin dans l’homme, et ainsi de suite ; enfin, de nombreuses citations, empruntées à la Bible, et copiées de la propre main du maître, témoignent, de sa part, d’une étude approfondie des Saintes Écritures. On le voit, il s’agit ici, très clairement, d’un drame philosophique et religieux. Essentiellement différent est, à son tour, Wieland le Forgeron, œuvre qui ne prit qu’en 1849 une forme plus définie, et dont le projet ne se trouva achevé qu’en 1850. Il ne s’agit plus ici d’un mythe de vaste envergure, comme dans la Mort de Siegfried, mais d’un de ces épisodes légendaires, dans lesquels le fonds symbolique, comme dans le Vaisseau Fantôme, le Tannhäuser et le Lohengrin, n’ôte rien à une individualisation nettement accusée.

Voilà donc l’imagination du maître hantée, tout à la fois, d’un drame historique, d’un drame mythologique, d’un drame philosophique, et d’un drame roman-

  1. D’après un autographe en possession de M. Alexandre Ritter, la composition de ce poème fut commencée le 12 novembre 1848, et achevée le 28 du même mois.
  2. Paru chez Breitkopf & Härtel en 1887 (Nouvelle édition en 1895).