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Page:Chamberlain - Richard Wagner, sa vie et ses œuvres, 1900.djvu/371

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d’un abstinent timoré et sans vigueur ? Dans Parsifal, l’œuvre de ses trente dernières années, le maître a fait ce que le drame parlé n’eût jamais pu faire : il a créé un héros tragique qui sort, victorieux, du combat de la vie.

Le lecteur me dispensera donc de m’étendre sur la tendance éthique et religieuse qu’on veut nous offrir comme étant celle de Parsifal. Dans son article sur l’Opéra impérial de Vienne, Wagner rappelle les mots bien connus de l’empereur Joseph II : « Le théâtre doit servir à ennoblir les mœurs et le goût de la nation » et remarque à cette occasion : « Pour son application pratique, ce principe gagnerait peut-être en clarté à être ainsi formulé : il faut que l’ennoblissement du goût contribue à élever les mœurs de la nation, car évidemment, l’art ne peut réagir sur la moralité que par l’intermédiaire du goût, et non point immédiatement. » Ces mots peuvent s’appliquer à Parsifal. Cette œuvre ne contient point une doctrine morale, encore moins une doctrine religieuse, c’est la représentation artistique d’un grand caractère, d’un caractère religieux au sens le plus noble et le plus élevé du terme.

Il peut y avoir, par contre, un plus grand intérêt, un intérêt plus purement artistique, maintenant que nous avons sous les yeux les quatre grands drames de la seconde phase, ces œuvres où l’activité consciente de Wagner se manifeste en une forme d’art nouvelle, il y a intérêt, disais-je, à nous demander quelle est, au juste, la notion de l’action dramatique telle qu’elle s’y révèle pour la première fois. Évidemment, l’intérêt artistique se double, ici, d’un intérêt « biographique » au premier chef, car Wagner ne fût jamais arrivé à pénétrer, comme il l’a fait, jusqu’au centre profond et