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Page:Chamberlain - Richard Wagner, sa vie et ses œuvres, 1900.djvu/46

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Wagner, en 1834. partit pour Magdebourg, où il avait obtenu la position de chef d’orchestre. Il y resta jusqu’au moment où, au printemps de 1836, la direction devint insolvable. Ce fut sur cette étrange scène, dont le directeur « était atteint de banqueroute chronique», que Richard Wagner eut, pour la première fois, l’occasion, d’exercer son remarquable talent de direction et d’affirmer son influence jusque dans l’arrangement scénique des nouveaux opéras mis à l’étude, avec un succès dont témoignent les journaux de l’époque. Il fut moins heureux quand il s’agit de faire représenter son second opéra, qu’il avait composé dans l’intervalle : La Défense d’aimer. En effet, la compagnie théâtrale était en dissolution ; par affection pour leur chef d’orchestre, les chanteurs consentirent à rester gratuitementquelques jours encore à Magdebourg, et étudièrent son opéra au pas de course, sans d’ailleurs y épargner leur peine. « Néanmoins », dit Wagner, «je ne pus empêcher qu’ils ne sussent leurs rôles qu’à moitié. La représentation fut comme un mauvais rêve ; personne ne pouvait se faire, de mon œuvre, la plus légère idée ! » À la seconde représentation, espérait-il, tout allait mieux aller ; mais peu avant le lever du rideau, une dispute violente s’éleva entre deux des chanteurs, on en vint même aux coups, la prima donna eut une attaque de nerfs, et il fallut renoncer à jouer ; le lendemain, la troupe se dispersait.

Ce fut du côté de Berlin que Wagner se tourna alors ; le directeur du théâtre royal lui avait promis de faire représenter La Défense d’aimer, mais il ne tint pas sa promesse, et, au mois d’août 1836, le jeune maître partit pour Kœnigsberg, où il dirigea d’abord des concerts instrumentaux, puis devint chef d’orchestre au théâtre. Mais le directeur fit bientôt faillite à son tour, et Wagner, qui venait de se marier avec Wilhelmine