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Page:Champion - Catherine de Médicis présente à Charles IX son royaume, 1937.pdf/115

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UN SÉJOUR À LYON

tions, car il recevra de semblables missions en Dauphiné, en Languedoc, en Provence, à Tours pour apaiser les Châtillons et les Guises. C’était un esprit très fin que ce soldat diplomate, un brave entre les braves ; mais à Metz il avait passé pour favoriser les huguenots, et il mariera sa fille avec un réformé. Par là, assurément, il montrait un esprit plus politique que religieux.

La petite galère du roi et de la reine-mère, suivie par d’autres petits navires, accosta le 10 juin.

On passa toute la journée du 12 à visiter d’une manière privée la ville, où Charles IX fera son entrée solennelle le mardi 13. Par précaution, on avait publié un édit interdisant les prêches pendant le séjour du roi et l’ordre d’abandonner la chapelle des Cordeliers. Les huguenots, murmurant, déménagèrent pendant la nuit la chapelle. Et quelques meneurs aux fortes têtes furent arrêtés et marqués au fer sur le front.

Lyon demeurait toujours la grande et belle cité, à la croisée des routes, fidèle au souvenir antique, ouverte à toutes les nouveautés, marchande et libre, gaie er savante. Cependant la ville se ressentait de l’incroyable misère du temps, comme Mâcon venait de le déclarer. Mais il n’est pas exact de dire que l’entrée royale n’ait été ni « somptueuse en habits ny ingénieuse en apparat de théâtres et perspectives ».

Chose remarquable, on vit les enfants de la ville marcher deux à deux au devant du roi, catholiques et réformés. Mais les catholiques portaient, sur leurs bonnets, pour se faire reconnaître, des croix de pierreries ou de perles.

Ce qu’il semblait nécessaire d’affirmer à Lyon, comme le marque l’auteur du Discours de l’entrée, c’était le triomphe de la paix et du roi. Dieu avait enfin jeté sur la France un regard paternel, lui envoyant le repos après les troubles, les calamités et les guerres civiles qui l’avaient annihilée ; il avait mis dans le cœur d’un jeune roi la volonté de conserver ses sujets dans l’ordre politique et dans la paix, seul état heureux. Ainsi Charles IX serait un autre Josias qui restaurerait les ruines d’Israël (on reconnaît le mot prononcé par Bèze, après l’édit de tolérance de janvier 1562). Le jeune roi mériterait ce titre en s’interposant entre deux forces, deux armées. Et cela valait bien que Lyon fît un effort, au moins égal à celui de Mâcon, suivant les « reliques[1] des infortunes passez ».

  1. Ce qui restait.