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Page:Champion - Catherine de Médicis présente à Charles IX son royaume, 1937.pdf/131

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LA PESTE FAIT SON ENTRÉE

Autour de Lyon on dut dresser une autre ville, avec des tentes pour les pestiférés. Le troisième jour apportait aux malades ou la mort, ou l’espoir de guérir. Mais alors ils connaissaient le plus extrême danger qui était de mourir de faim, par la crainte et la dureté de ce peuple, même s’ils échappaient à la maladie.

Tel fut l’aspect de la ville de Lyon en ces jours, passionnée toutefois par les sermons où assistaient jusqu’à 6 000 personnes. Par là seulement ses habitants se montraient des chrétiens ; mais pour le reste, et dans les œuvres de la charité, ils agissaient plus inhumainement que les païens eux-mêmes n’eussent fait.

On vit la peste redoubler ses coups, non seulement chez les pauvres gens, mais jusque dans les maisons des ambassadeurs, des princes, de la reine de Navarre, de M. de Nemours. On dénonça naturellement le « mélange pestinentiel », un virus qui eût été déposé dans plus de sept cents maisons catholiques ! On croyait le trouver sur le verrou des portes, le cordon des sonnettes par lesquelles on appelait les gens de la maison.

Les hérétiques du moins ne cachaient pas leur joie de voir mourir de nombreuses personnes du poison de la peste ; ainsi, au témoignage de l’ambassadeur espagnol, ils se félicitaient d’avoir chassé de Lyon le roi et la reine-mère !

La forteresse seule, où travaillaient cent pionniers, devait marquer le souvenir de leur passage.

On assure que plus de 25 000 personnes périrent dans ce désastre. Lyon fut dépeuplée. Et ceux qui enterraient les pestiférés furent un instant les maîtres de la ville déserte et tentèrent de la mettre au pillage.

Les gardes de la citadelle durent leur livrer combat.