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Page:Champion - Catherine de Médicis présente à Charles IX son royaume, 1937.pdf/145

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ÉLISABETH DE FRANCE… LES DAMES

Génois. Sampierro combattait pour les libertés de l’île misérable où l’Espagne voyait une base navale pour menacer la France et Marseille. Le vieux soldat, qui arrivait à sa soixante-troisième année, avait parcouru le monde pour l’intéresser aux libertés de la Corse.

— Sampierro, reprit l’ambassadeur, il faut le punir, car il a violé la paix !

— Écrivez à votre roi pour lui demander sa volonté à ce sujet, et je la remplirai ensuite avec plaisir.

La réponse, qui arriva un mois plus tard, fut donnée de Madrid par Philippe II : « Sampierro, s’il tombe un jour entre vos mains, châtiez-le comme il le mérite ! »

Mais on le voyait bien, la reine-mère continuait à observer, sans prendre parti. Le prince de Condé ne voulait plus venir à la cour, car il avait la prétention de relever la charge vacante du maréchal de Brissac. S’il y venait, il pourrait réunir treize cents chevaux, car Damville en avait déjà mille avec lui. L’amiral faisait d’ailleurs surveiller Condé. Qui eût respecté celui qui se consolait de l’amour de la Limeuil en acceptant l’amour de la maréchale de Saint-André, et ses ducats ? Déjà les églises, rougissantes, refusaient les contributions volontaires. Elles allaient à l’amiral, lui si respecté, organisateur de tout un service de correspondances s’adressant à tous les pédagogues, et s’insinuant par là dans la conscience des enfants du pays. En France l’amiral avait déjà 3 000 chevaux. Il envoyait de l’argent en Allemagne pour en lever encore 2 000. Un jour, on verrait les huguenots tenter à Paris ce qu’ils avaient fait jadis à Orléans. Alors ils seraient les maîtres de la France !

Tel apparaissait l’avenir à Francès de Alava.

L’ambassadeur vint un soir prendre place à la table du connétable. L’Espagnol remarquait les constants sentiments d’amitié que lui témoignait Anne de Montmorency. Il pensait : la reine a donc encore l’intention de me tromper !

Le connétable parla beaucoup ce soir là[1]. Il voyait tout le péril dans lequel se trouvaient le royaume et son roi ; il travaillait, lui, de toutes ses forces pour supprimer l’existence de deux religions, cause de la ruine du pays ; jour et nuit, il besognait pour son bien…

  1. Le 27 août.