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Page:Champion - Catherine de Médicis présente à Charles IX son royaume, 1937.pdf/153

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D’ORANGE À AVIGNON

D’ORANGE A AVIGNON 139

d’égouts. Les teinturiers s’étaient établis sur les dérives de la Sorgue et de la Durance qui alimentaient les bains et les étuves. Le rocher des Doms, taraudé par d’anciens fours à chaux, dominait la cité. Sur ses pentes s’élevait Notre-Dame-des-Doms, régnant sur la masse énorme du palais, de ses tours carrées et crénelées, et sur tant de petites églises, de chapelles, de couvents, aux clochers ajourés et fleuris, qui caractérisaient la cité d’Avignon. Il ne faudrait pas croire que la ville allait s’épanouir de joie à l’annonce de l’arrivée de la cour. A défaut du pape, son souverain absent, elle se contentait parfaitement de son représentant. On peut même penser que la nouvelle de l’entrée du roi l’inquiétait déjà, car les habitants craignaient que la cour n’y amenât une recrudescence de la peste. Déjà, par précaution, ils avaient abandonné en grande partie la ville, seigneurs et artisans ; et chacun dans les champs travaillait à recueillir les fruits de l’été et de l’automne. François Fabrice, sieur de Servillon, gouverneur d’Avignon, parent du pape Pie IV, cousin de Charles Borromée, qui avait fait assiéger Orange et raser ses murs, tint cependant à affirmer son dévouement au roi. Il venait de faire pendre un homme comme huguenot ; il fit rentrer en hâte les gens de la ville, et préparer les tréteaux. Déjà arrivaient d’Espagne en Avignon les goîtreux qui voulaient faire toucher leurs écrouelles par le roi de France possédant la vertu de les guérir, pour la confusion des huguenots ! Cinq ou six d’entre eux étaient blessés un soir au visage, sans qu’on pût découvrir les coupables. L’entrée en Avignon eut lieu le 23 septembre. Le roi semblait encore faible et amaigri, sa suite plutôt peu fournie. On s’arrêta un instant devant la vieille chapelle de Saint-Michel où eurent lieu les harangues à l’abri d’un pavillon de feuillages. Le vice légat et le seigneur Fabrice, les consuls étaient venus là pour saluer Charles IX. On voit les bedeaux, ouvrant le cortège, s’avancer à cheval dans leurs robes rouges dont les manches sont marquées des trois clefs d’argent, les armoiries d’Avignon. A la porte de la cité, Charles IX baise la croix que lui présente le vice légat ; il promet, comme Roi très Chrétien, de conserver les droits de l’Eglise. Les consuls et deux gentilshommes portent le poêle de satin cramoisi aux fleurs de lis. Charles IX entre par la porte Saint-Ladre, admirant l’échafaud où se tiennent les vertus cardinales. Un peu plus loin, une belle fille, la Vérité, vêtue de satin blanc, présente les clefs formant le blason d’Avignon. Devant la


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