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Page:Champion - Catherine de Médicis présente à Charles IX son royaume, 1937.pdf/169

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LA RELIQUE DE SAINT EUGÈNE

Les huguenots se préparent à la défense ; ils lèvent déjà des contributions dans leurs églises.

Paris, où Philippe II avait déjà tant d’amis, avant la ligue, Paris supportait impatiemment le gouvernement du fils aîné d’Anne de Montmorency. Cela était vrai de certains, qui correspondaient avec don Francès.

Que penser, en effet, d’un gouverneur qui se contentait de sourire quand on lui disait que dans sa ville on tenait des prêches qui y étaient interdits, et qui riait, quand les gens du Parlement lui en apportaient la preuvel Jamais François de Montmorency ne châtiait personne. Pourquoi s’enfermait-il, avec toute l’artillerie, dans la Bastille ? Pourquoi faisait-il essayer une fausse porte ? Les Parisiens s’en inquiétaient. Ils avaient fait dire à Catherine de Médicis d’y prendre garde. La conclusion de don Francès était que Montmorency, Condé et l’amiral voulaient se rendre maîtres de Paris.

Du pays sans foi, du pays dont la vieille capitale catholique pouvait tourner, qu’attend alors Philippe II ? Il a lu attentivement tout ce que don Francès lui a écrit de la religion dans ce royaume, et de la nécessité d’y apporter remède. Il le remercie de profiter de chaque occasion pour « les exciter à la conservation de la religion catholique, dont dépendait la conservation de la couronne du Roi très Chrétien, ce qu’il souhaitait en vrai frère qu’il était » >.

Mais la conclusion du Roi Catholique apparaît bien singulière, ou mystique : car ce qu’il désire surtout, et de tout son cœur, c’est la relique de saint Eugènel Telle est la pensée du roi moine, mélancolique et solitaire, qui sur les pentes de la Sierra, dans la campagne silencieuse, parmi les blocs de roches bleues étoilées de scories de fer, dans l’air frais et pur des hauts plateaux, a ouvert ses chantiers de l’Escurial, au mois de mai 1563.

Ici Philippe II aura son palais, sa forteresse, son couvent, ses tableaux et ses livres, ses moines, sa chapelle royale et son tombeau. L’Escurial, répond au vœu de la bataille de Saint-Quentin, à la journée de Saint-Laurent qui lui donna la victoire. San Lorenzo ! Ni le Louvre, ni Saint-Germain, ni Fontainebleau n’ont retenu l’attention des informateurs de Philippe II. Un couvent, dont il habitera une aile, une église, la chapelle, le collège, voilà ce qu’il a demandé à ses artistes italiens, et à ses espagnols ita by