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Page:Champion - Catherine de Médicis présente à Charles IX son royaume, 1937.pdf/191

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ARLES ASSIÉGÉE PAR LES EAUX

liberté. Certes, aux yeux de don Francès de Alava, le connétable et Damville se montraient fermes. Mais il y avait toujours lieu de tenir compte de l’influence des neveux de Montmorency. L’accueil favorable accordé parmi les populations au chancelier, l’inquiétait. Partout où Michel de L’Hospital passait dans les villes, on lui offrait des présents, des dons, plus qu’au roi lui-même. On tira même en son honneur le canon dans certaines cités, alors que le connétable l’interdisait lorsqu’il y entrait lui-même.

Mais Catherine de Médicis voyait en lui l’homme nécessaire pour maintenir entre tous la balance égale, ce que les gens de France que n’aveuglaient pas l’ambition partisane et la passion sectaire religieuse, les classes moyennes et bourgeoises, reconnaissaient aussi. La reine se réjouissait des résultats de sa politique personnelle de bascule.

Ainsi, le 20 novembre, arrivait en Arles l’envoyé du pape, apportant les quatre ou cinq points de la négociation avec la reine. Le succès principal est celui qu’elle vient de remporter au sujet de la légation d’Avignon que Pie IV laisse au choix de la reine-mère, ajoutant qu’elle tiendra compte des qualités du cardinal de Bourbon, pilier de l’Église en ce royaume. Et le roi pourra au surplus désigner les personnes dignes du rang de cardinal. Enfin le bruit courait, peu croyable, que le pape proposait le mariage de Marguerite de Valois avec le prince de Florence et le duc apporterait une grosse dot, et le pape, le comté d’Avignon… Nouvelles aussi surprenantes ! on murmurait que le cardinal de Lorraine aurait essayé de marier Condé soit avec la reine d’Écosse, soit avec Mme de Guise ! Enfin le bruit était recueilli à Madrid même, que Philippe II viendrait à Fontarabie ou à Bayonne, le pur entre les impurs !… Le connétable, de son côté, méditait : s’il n’était pas possible d’accorder aux huguenots des prêches en Provence, on pourrait autoriser les mariages et les baptêmes à la huguenote.

Devant ces rêves et ces faiblesses, don Francès demandait à son maître de réagir. Dans Arles assiégée par les eaux, la bataille au sujet des prêches dura jusqu’à la veille du départ.

Catherine de Médicis marquait le point pour les résultats obtenus dans les négociations avec le Saint-Siège, répandant ses louanges sur le pape, chose nouvelle pour don Francès qui lui avait entendu dire si souvent le contraire. Plus que jamais, la reine se montrait optimiste, ne désespérant pas, avec l’aide de Pie IV, d’arranger jusqu’aux affaires de Coligny ! Le nonce