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Page:Champion - Catherine de Médicis présente à Charles IX son royaume, 1937.pdf/195

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TARASCON LA CATHOLIQUE

lique, il faut que nous suivions sa volonté et son opinion ; et celui qui ne le fera pas en portera la peine. Et vous, vous devez le faire plus qu’un autre, car vous avez une charge importante. » Or le chancelier avait répondu : « Il faut être souple. Tout en suivant la volonté du roi, il ne faut rien écrire pour ne changer l’édit. qu’en ce qu’il exprimera de sa bouche. Alors seulement on le fera. >>

Ceci paraissait à don Francès proprement scandaleux. Et ce qui ne l’était pas moins, c’était d’avoir vu entrer dans l’église de Sainte-Marthe, pour visiter les reliques, le roi, la reine, les gentilshommes, tous vêtus à la turque ! Bien plus, au déjeuner qui suivit, on remarqua que le cardinal était habillé, lui aussi, comme un mécréant ! Que signifiait cette nouvelle passion de déguisement ? Don Francès se le demandait depuis Marseille où cette mode avait vu le jour. Il regardait, indigné, le courrier de Venise qui revenait de Constantinople, apportant au roi des confitures, et au connétable ces délicats tapis d’Orient qu’il aimait tant.

On traversa rapidement Beaucaire qui donna cependant une entrée. On passa à Sernhac, et le roi s’arrêta, un instant, au Pont du Gard. Il passe sous l’une des arches du grand aqueduc que les Romains avaient édifié pour amener l’eau à Nîmes. On admire les trois ponts superposés, d’une hauteur considérable, sous lesquels bouillonne ce « fâcheux » torrent, le Gardon. On déjeune non loin, au château de Saint-Privat ¹, chez Antoine de Crussol, le futur duc d’Uzès, gentilhomme d’honneur de Catherine de Médicis, vieux soldat de valeur, investi par elle d’une mission de pacification en Languedoc, Provence et Dauphiné, et qui l’exerçait avec un tel libéralisme que les huguenots avaient fini par voir en lui leur chef. M. de Crussol a offert une belle collation à toute la compagnie. Des nymphes, dissimulées sous des rochers, à chaque bout du pont, ont présenté des corbeilles chargées de confitures et de fruits. Le même jour, dans l’après-midi, on poursuit l’étape vers Nimes.

Le roi fait son entrée dans la grande ville des antiquités. Là sont les arènes élevées par les Romains pour jouer leurs comédies, à ce que l’on croyait. Leurs assises faites de grosses pierres paraissent tenir sans mortier. On admira fort la grande cuve, s’élargisI. Saint-Privat-du-Gard. D gitized by