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LA NOËL DE MONTPELLIER

édits du roi. Mais les huguenots s’étaient organisés pour la défense, brimant les religieux qui n’osaient plus sortir, comme les juges qui craignaient de porter leurs bonnets.

Alors Damville, le fils du connétable, un jeune homme de vingt-cinq ans, avait paru, en septembre 1563, comme gouverneur du Languedoc. Il était entré avec ses compagnies d’ordonnances à cheval, plaçant la grosse artillerie dans son logis, désarmant les habitants qui durent remettre leurs armes à l’Hôtel de Ville. Dès lors les prêtres purent se montrer, les religieux des couvents réapparurent, les gens de justice reprirent leur bonnet carré. On chassa du Consulat les huguenots, et les élus municipaux furent tous obligatoirement des catholiques. L’exercice de la religion se poursuivit seulement dans la cour du Bayle Vielh, et dans la maison de Formy, près la Loge. Aux jours de la Cène, les soldats de Damville veillaient sur les huguenots et surveillaient les catholiques. Le résultat de cette politique de force fut la fin des désordres. En septembre, la garnison pouvait être réduite à cinquante hommes. L’Église réformée végétait sous la protection du prince de Salerne, capitaine envoyé en Dauphiné, et qui avait pris femme dans la maison des Paulhan de Montpellier.

Telle était la situation qui faisait hésiter le roi à agréer la grande réception que Damville voulait lui ménager. Charles IX envoyait dire qu’il suffisait que 1 300 hommes, armés seulement d’épées et de dagues, vinssent à sa rencontre. Le capitaine catholique fit préparer la bannière à la croix blanche que les huguenots devaient refuser de suivre. Parmi les habitants les catholiques seulement feront cortège au roi, portant des branches de palmes.

Mais si nous nous en rapportons aux Mémoires qu’écrivit Jean Philippi, conseiller à la Cour des Aides, où il succéda à son père, l’entrée du 17 décembre fut fort convenable. Et Jean Philippi se réjouissait de voir venir, « en ces temps turbulents et dans la jeunesse du roi », un homme comme le chancelier de L’Hospital, « fort estimé en prudence et en savoir », et qui « maintenait les deux parties de religion différentes également ».

On avait, à l’occasion de l’entrée, dressé sur chemin du roi un reposoir hors de la ville ; un autre s’élevait au jardin du seigneur de Villeneuve, gouverneur de Montpellier, un autre, au couvent dit de Saint-Maur. Tous les états de la cité étaient venus faire la révérence au roi Charles IX, avec les harangues accoutumées.

On vit d’abord une grande troupe de jeunes bourgeois et de