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LA PAIX… ET LES RELIQUES !

qui sont de telle sorte faibles envers la religion catholique qu’ils la nient presque ; mais ils n’osent le déclarer ouvertement, et tantôt se rallient à un parti, tantôt à un autre ».

La reine, à la sortie de la messe, avait invité à déjeuner en ce jour de fête le cardinal de Bourbon et don Francès. Et marchant avec eux, elle demanda à l’ambassadeur :

— Que pensez-vous de cette procession ?

Don Francès se tut, ne sachant que dire. Mais la reine insistant :

— Tout cela me paraît aigre-doux, et plutôt aigre que doux !

— Mais non, la procession était belle. Mes fils ont montré une telle dévotion pendant la messe !

— Vous m’avez dit, l’autre jour, Madame, que le roi votre fils était aimé et obéi de ses sujets. C’est pénible de voir qu’après ce ban qu’il a fait crier par la ville, il n’y avait personne à la procession, tandis que les habitants se montraient nombreux aux fenêtres et aux portes, conservant toujours leurs bonnets !

La reine à son tour ne répondit pas.

Au déjeuner, le cardinal de Bourbon parla de la religion et reconnut que l’état des choses était pire qu’il y avait deux ans.

La reine avait un prédicateur dominicain, docte et homme de bien. Don Francès exprimait le regret qu’il ne pût parler plus librement. Le prédicateur répondit :

— Le Roi Catholique pourrait nous apporter le remède. Et il fera beaucoup de tort à ses propres états, s’il ne nous aide pas.

Ce n’était pas absolument le sentiment du connétable que don Francès rencontra à un dîner. Anne de Montmorency, relevant alors d’un accès de goutte, remercia d’abord l’ambassadeur de l’accueil bienveillant que Méru, son fils, venait de recevoir dans sa mission auprès de Philippe II. Don Francès crut le moment venu de parler de la religion, et de poser la question qu’il retenait si souvent sur ses lèvres :

— À quel moment la reine compte-t-elle arranger tout cela ?

Le connétable fit un geste pour montrer qu’il n’en était pas question, actuellement.

Damville, lui aussi, aurait bien voulu parler, mais n’osait le faire. Le cardinal de Lorraine, et certains disaient même la reine, Châtillon, le prince de Condé continuaient leurs grandes négociations. Il y avait quelques jours, Catherine de Médicis avait mandé Mme de Guise et l’abordant brusquement :