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L’ENTRÉE À SENS



Au sortir de Fontainebleau, le 13 mars, on traversa dans l’après-midi Moret, pour coucher à Montereau, où l’Yonne tombe dans la Seine. Un agréable château se trouve entre les deux rives.

Le lendemain, arrêt au village de Pont-sur-Yonne. Départ après le déjeuner ; on traverse la rivière sur un pont de bois. Ainsi, ayant chevauché tout le jour, la famille royale fait son entrée à Sens. C’était alors une grande ville, et fière de son archevêché, la métropole de Paris.

La ville de Sens, de tradition fort catholique, demeurait sous la tutelle du cardinal de Guise, et du lieutenant criminel Robert Hémard. La nouvelle religion s’y était répandue, comme dans d’autres villes au clergé très puissant, principalement dans le monde des gens du bailliage, des avocats, des procureurs, et aussi dans le petit peuple des imprimeurs et des artisans. Six cents personnes se réunissaient parfois hors de la ville, sur les remparts, pour assister à la Cène. Il y avait à Sens un ministre et un temple. Quand l’édit de janvier fut envoyé dans cette ville pour y être publié, les catholiques répandirent le bruit que les réformés allaient s’emparer de la cathédrale pour y tenir leurs prêches, qu’ils allaient y piller l’insigne trésor. Les bourgeois inquiets prirent alors la garde sur les remparts, et les maisons des huguenots furent marquées d’une croix, surtout celles des riches. Au mois d’avril 1562, un dimanche, il y avait juste deux ans, des vauriens recrutés jusque dans les villages voisins à un « teston » par jour, grossis d’une troupe excitée par les sermons d’un jacobin, se précipitèrent au pillage. Le vol entraîna le massacre de deux cents personnes