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Page:Champlain - Oeuvres de Champlain publiées sous le patronage de l'Université Laval, Tome 1, 1870.djvu/63

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Chomina même, à qui elles étaient parentes, désirait fort de les voir passer en France, non pour s’en décharger, mais pour obliger les-Français et en particulier le sieur de Champlain.»[1]

On était rendu à la fin de juin 1628, et les vaisseaux ne paraissaient point. Les vivres commençaient à faillir, et ce qu’il y avait de plus embarrassant, c’est que le sieur de la Raide n’avait laissé aucune barque à Québec ; en outre l’habitation était sans matelot ni marinier. «De brai, voiles et cordages, dit Champlain, nous n’en avions point ; ainsi étions dénués de toutes commodités, comme si l’on nous eût abandonnés.»

Tel était, par le mauvais vouloir des marchands, l’état de gêne où se trouvait la colonie, quand une flotte anglaise, conduite par un renégat français, vint encore augmenter l’embarras de Champlain. Trois frères huguenots, David, Louis et Thomas Kertk, dont la famille avait quitté la France pour passer au service de l’Angleterre, s’étaient chargés de détruire les établissements français du Canada.

Au moment où l’on préparait une petite embarcation pour aller à Tadoussac chercher une barque, avec laquelle on pût aller à Gaspé, deux hommes arrivèrent en toute hâte du cap Tourmente, et apportèrent la triste nouvelle que les Anglais y avaient détruit et ruiné de fond en comble l’habitation qu’on venait d’y fonder.

Champlain, ainsi assuré de la présence de l’ennemi, fit réparer à la hâte les retranchements de l’habitation, et dresser des barricades autour du fort,

  1. Sagard, Hist. du Canada, p. 912-14.