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Page:Champlain - Oeuvres de Champlain publiées sous le patronage de l'Université Laval, Tome 2, 1870.djvu/12

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Les Voyages de Champlain.

iugement, venoient des Indes. Le iour de Paſques, 30. dudit mois, fuſmes contrariez d’vne grande tourmente, qui paroiſſoit eſtre pluſtoſt foudre que vent, qui dura l’eſpace de dix-ſept iours, mais non ſi grande qu’elle auoit faict les deux premiers iours, & durant cedict temps, nous euſmes plus de déchet que d’aduancement. Le 16. iour d’apuril, le temps commença à s’adoucir, & la mer plus belle qu’elle n’auoit eſté, auec contentement d’vn chacun ; de façon que continuans noſtre dicte route iuſques au 28. iour dudit mois, que rencontraſmes vne glace fort haulte. Le lendemain, nous euſmes congnoiſſance d’vn banc de glace qui duroit plus de 8. lieuës de long, auec vne infinité d’autres moindres, qui fut l’occaſion que nous ne puſmes paſſer ; & à l’eſtime du pilote les dittes glaces eſtoient à quelque 100. ou 120. lieuës de la terre de Canadas, & eſtions par les 45. degrez ⅔, & vinſmes trouuer paſſage par les 44.

Le 2. de may, nous entraſmes ſur le Banc à vnze heures du iour par les 44. degrez ⅔. Le 6. dudict mois, nous vinſmes ſi proche de terre, que nous oyons la mer battre à la coſte ; mais nous ne la peuſmes recongnoiſtre pour l’eſpaiſſeur de la brume dont ces dittes coſtes ſont ſubiectes, qui fut cauſe que nous miſmes à la mer encores quelques lieuës, iuſques au lendemain matin, que nous euſmes congnoiſſance de terre, d’vn temps aſſez beau, qui eſtoit le cap de Saincte Marie[1].

Le 12. iour enſuyuant, nous fuſmes ſurprins d’vn

  1. Jean Alphonse mentionne ce nom, de même que celui des îles Saint-Pierre, dès l’année 1545, dans sa Cosmographie. (Biblioth. impériale, ms. fr. 676.)