Aller au contenu

Page:Champlain - Oeuvres de Champlain publiées sous le patronage de l'Université Laval, Tome 2, 1870.djvu/20

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ſi on ne les ſçait bien gouuerner, car ils ſont faicts d’eſcorce d’arbres appellée bouille[1], renforcez par le dedans de petits cercles de bois bien & proprement faicts, & ſont ſi legers qu’vn homme en porte vn aiſément, & chaqu’vn canot peut porter la peſanteur d’vne pipe. Quand ils veulent trauerſer la terre, pour aller à quelque riuiere où ils ont affaire, ils les portent auec eux.

Leurs cabannes ſont baſſes, faictes comme des tentes, couuertes de laditte eſcorce d’arbre, & laiſſent tout le haut deſcouuert comme d’vn pied, d’où le iour leur vient, & font pluſieurs feux droit au millieu de leur cabanne, où ils ſont quelques fois dix meſnages enſemble. Ils couchent ſur des peaux, les vns parmy les autres, les chiens auec eux.

Ils eſtoient au nombre de mille perſonnes, tant hommes que femmes & enfans. Le lieu de la poincte de Sainct Matthieu, où ils eſtoient premierement cabannez, eſt aſſez plaiſant. Ils eſtoient au bas d’vn petit coſteau plein d’arbres, de ſapins & cyprés. A laditte poincte, il y a vne petite place vnie, qui deſcouure de fort loin ; & au deſſus dudict coſteau, eſt vne terre vnie, contenant vne lieuë de long, demye de large, couuerte d’arbres ; la terre eſt fort ſablonneuſe, où il y a de bons paſturages. Tout le reſte, ce ne ſont que montaignes de rochers fort mauuais. La mer bat autour dudict coſteau, qui aſſeiche prés d’vne grande demy lieuë de baſſe eau.

  1. Écorce de bouleau.