Page:Champlain - Oeuvres de Champlain publiées sous le patronage de l'Université Laval, Tome 2, 1870.djvu/43

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Nort, où la terre y paroiſt fort haulte, on void iuſques à quelques vingt lieuës ; mais peu à peu les montaignes viennent en diminuant vers l’Oueſt comme païs plat. Les ſauuages diſent que la pluſpart de ces montaignes ſont mauuaiſes terres. Ledict lac a quelques trois braſſes d’eau par où nous paſſaſmes, qui fut preſque au millieu. La longueur giſt d’Eſt & Oueſt, & de la largeur du Nort au Su. Ie croy qu’il ne laiſſeroit d’y auoir de bons poiſſons, comme les eſpeces que nous auons par deçà. Nous le trauerſaſmes ce meſme iour, & vinſmes mouiller l’ancre enuiron deux lieuës dans la riuiere qui va au hault, à l’entrée de laquelle il y a trente petites iſles[1]. Selon ce que i’ay pû veoir, les vnes ſont de deux lieuës, d’autres de lieuë & demye, & quelques vnes moindres, leſquelles ſont remplies de quantité de noyers, qui ne ſont gueres diſſerens des noſtres, & croy que les noix en ſont bonnes à leur ſaiſon ; i’en veis en quantité ſous les arbres, qui eſtoient de deux façons, les vnes petites, & les autres longues comme d’vn pouce ; mais elles eſtoient pourries. Il y a auſſi quantité de vignes ſur le bord deſdittes iſles ; mais quand les eaux font grandes, la pluſpart d’icelles ſont couuertes d’eau. Et ce païs eſt encores meilleur qu’aucun autre que i’euſſe veu.

Le dernier de iuin, nous en partiſmes, & vinſmes palier à l’entrée de la riuiere des Iroquois, où eſtoient cabannez & fortifiez les ſauuages qui leur alloient faire la guerre. Leur fortereſſe eſt faicte de quantité de baſtons fort preſſez les vns contre les autres, la-

  1. Les îles de Sorel, que l’on a appelées aussi îles de Richelieu.