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monuments historiques

de la puissance assyrienne, qui dominait alors l’Asie occidentale, leur fit songer bientôt à établir parmi eux une sorte de gouvernement, qui pût organiser la résistance en cas d’attaque. Ils donnèrent donc le titre de roi à l’un de leurs chefs nommé Salatis. Mais cet établissement d’une espèce d’ordre parmi les conquérants n’eut d’autre effet, pour le vaincu, que de rendre les maux plus durables, l’oppression plus méthodique, et l’anéantissement de l’Égypte plus assuré. Car Salatis et ses successeurs Bœon, Apakhnas et Asseth firent sans cesse une guerre cruelle à la population de race égyptienne, dans le but formel de l’anéantir entièrement, comme le dit l’historien Manéthon[1] ; ils désorganisèrent l’administration intérieure du pays en emprisonnant les magistrats ; ils détruisirent les villes, et renversèrent de fond en comble les édifices publics et les temples des dieux[2] ; enfin ils égorgeaient les Égyptiens en état de porter les armes, et emmenaient leurs femmes et leurs enfants en esclavage[3]. L’Égypte ne présentait alors qu’un vaste champ de désolation. Le roi des Hyk-Schôs était le maître de tout le pays ; il tenait asservies la haute

  1. Πολεμοῦντες ἀεὶ καὶ ποθοῦντες μᾶλλον τῆς Αἰγύπτου ἐξᾶραι τὴν ῥίζαν. Manetho, apud Joseph. contra Apion. I.)
  2. Τὸ λοιπὸν τάς τε πόλεις ὠμῶς ἐνέπρησαν καὶ τὰ ἱερὰ τῶν θεῶν κατέσκαψαν. (Idem, ibidem.)
  3. Idem, ibidem.