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monuments historiques

a cru devoir le faire, que les édifices d’où provenaient ces débris et qui précédèrent ceux que nous voyons aujourd’hui, étaient tombés de vétusté : on eût dû s’effrayer en parlant ainsi du nombre immense d’années que renferme ce petit nombre de mots. L’effort du temps est presque nul, en effet, sur les constructions égyptiennes ; et l’épreuve de trente-cinq siècles, qu’ont si bien supportée quelques-uns des temples de Thèbes et de la Nubie, nous montre assez que, pour renverser de tels travaux, le temps a besoin de l’action des hommes, plus destructrice que lui-même. Ces débris ne sont, à mon avis, que des témoins de la stupide barbarie des Hyk-Schôs ; et il était dans l’ordre naturel des choses, que les premiers rois de la XVIIIe dynastie, restaurant l’Égypte après l’expulsion de ces oppresseurs, réédifiant les palais des rois et la demeure des dieux, employassent, dans les nouvelles constructions, ces restes des temples de leurs ancêtres, débris sacrés qu’ils trouvaient épars sur le lieu même où leur piété voulait relever les autels, et rétablir dans toute sa pureté le culte de leurs pères.

Quand même l’histoire ne nous aurait point conservé le souvenir des ravages exercés par les Pasteurs durant leur séjour en Égypte ; quand même un prêtre égyptien ne nous apprendrait pas que ces barbares détruisirent les villes et les monuments qui les ornaient, l’observation seule de quelques