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notice

écrivant par l’ordre du souverain, ne présenta dans ses récits ces invasions étrangères que comme des usurpations de fait, surtout lorsqu’il écrivit après la restauration pleine et entière de l’ancien ordre légitime. Tel fut Manéthon, prenant pour guide les archives sacrées des temples et les prêtres, leurs auteurs, qui ne négligèrent aucun moyen d’entretenir dans l’esprit de la nation égyptienne, une horreur profonde pour ces Hyks-Shôs ; qui couvrirent les monuments publics du tableau partout répété de leur défaite et de leur destruction, et ce sentiment patriotique consacré par la religion avait pénétré toutes les castes. Elles foulaient aux pieds le souvenir des barbares ; des chaussures de vivants et des morts recueillies en Égypte, portent sur leurs semelles extérieures la figure d’un Hyk-Shôs à genou et chargé de liens. Manéthon suivit donc les opinions que les prêtres avaient accréditées durant quinze siècles successifs ; aucun monument n’existe de la domination de ces étrangers sans cesse occupés à détruire ; la Table d’Abydos nomme pour leur époque, les Pharaons fugitifs qui conservèrent dans la haute-Égypte et dans la Nubie l’ordre légal de succession et les traditions nationales ; Manéthon fit de ses listes une véritable table généalogique des rois égyptiens, comme l’est celle d’Abydos ; il ne pouvait donc pas omettre dans ces listes, les rois Thébains contemporains