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seconde lettre

certaine que les dessinateurs ont vu, comme on le voit aussi très-bien sur le colosse de Turin, que, vers ce point des légendes, avait existé la figure d’un personnage assis ; mais ils n’ont pu distinguer, à cause des mutilations, que la tête de ce personnage était réellement celle d’un épervier huppé. On montre enfin dans le Musée Britannique une statue colossale du même roi : et d’après le dessin de ses inscriptions hiéroglyphiques, communiqué par l’infortuné Belzoni, le signe figuratif du dieu Mandou est encore effacé ici comme ailleurs. Il n’est point inutile d’ajouter que, sur les colosses de Turin et de Londres comme sur les édifices de Thèbes, tous les autres signes des cartouches nom et prénom formant la légende du Pharaon, et même les deux feuilles exprimant la diphtongue ei, dernière partie du nom propre, ont été religieusement respectés et n’ont supporté aucune espèce de dégradation préméditée.

Ici, Monsieur le Duc, se présente naturellement une question assez curieuse. Devons-nous regarder la destruction du signe dominant dans le nom propre du roi Mandouei Ier inscrit sur les grands édifices, comme un exemple de ces terribles jugements portés par la nation égyptienne contre la mémoire des rois qui n’avaient usé du pouvoir suprême que pour opprimer leur patrie ? L’histoire a conservé le souvenir de l’abolition totale des