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Page:Chancennes - Esclave amoureuse, 1957.djvu/140

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ESCLAVE AMOUREUSE

— Ils nous prennent pour des sauvages, car nous n’allons nulle part et nous ne recevons personne.

— S’ils se doutaient que tu es pour moi un bourreau !

Habitués à vivre douillettement, en soignant leur petite santé, ils n’ont que le courage de faire battre leurs tapis. Il faut aux femmes de bourgeois de doux attouchements, ne risquant pas de froisser leur chair délicate ; elles ignorent que la femme a besoin de violences savantes et que l’homme, de par sa nature, ne cherche qu’à les imposer.

— Elles n’ont point rencontré, ma chère Lucette, celui dont la domination fait tolérer même les barbaries.

— Elles n’aiment pas, ne savent pas aimer ou n’aiment pas assez.

— Ah ! qu’il faut t’aimer, je le vois, pour faire de ton corps une cible à tes instruments de torture.

— Je n’aurai pu vivre avec celle qui m’eût résisté…

L’amour n’est pas un enfant joufflu comme un ange, c’est un dieu guerrier qui veut vaincre.

Répéter les scènes qui se passaient chez Max entre les tentures lourdes étouffant les cris et les pleurs n’aurait point de fin.

Lucette aimerait-elle encore si elle n’était battue toujours ?