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Page:Chancennes - Esclave amoureuse, 1957.djvu/58

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ESCLAVE AMOUREUSE

Elle chancela. Elle était pâle et tout son corps tremblait…

Quand Max la vit, une sorte de joie illumina ses yeux. Il s’excusa d’être venu si tard faire la visite promise, puis parla de choses et d’autres banalités de la vie quotidienne, sans paraître gêné nullement.

Lucette prenait part à la conversation autant qu’il lui était possible.

La visite fut d’ailleurs courte, mais Mme du Harlem profita de l’occasion pour inviter Max dès ce jour aux soirées qu’elle comptait donner bientôt.

Max accepta avec empressement, content de l’aubaine qui lui permettrait d’approcher pendant de longs instants sa petite amie.

Lucette était, elle ne savait pourquoi plus joyeuse, et pourtant rien dans sa vie n’avait changé.

D’avoir revu celui qui avait agi envers elle avec une égoïste férocité ravivait au contraire ses craintes, ses pressentiments, ses rancunes. Mais cela qu’on ne peut définir, ces obscures sensations de l’être, ces mystérieux sentiments de l’esprit, faisaient d’elle une chose malléable, qu’on touche, qu’on tourne et retourne, et qui va, au gré d’un choc ou du vent, sans direction, pour se briser ou pour se perdre.

Elle était inconsciente.

Quel était donc ce démon qui la possédait, qui la rendait ainsi désemparée, veule, sans énergie ?