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Page:Chancennes - Esclave amoureuse, 1957.djvu/69

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ESCLAVE AMOUREUSE

Le mariage seul la rendra libre.

Mais elle a dix-sept ans à peine. Il en a vingt-et-un.

Ils sont encore des enfants.

Ces réflexions l’agacent, l’importunent, le rendent de méchante humeur.

Il a hâte d’être homme et de pouvoir enfin, s’il est possible, décider de la destinée de l’un et de l’autre, c’est-à-dire de Lucette et de lui-même.

Il a peur qu’elle lui échappe. Qu’elle se lasse ou qu’elle se ressaisisse. Il a peur qu’elle change. Mais chaque fois qu’il la revoit, il ne doute plus, il n’a pas de ces craintes ridicules, il est sûr qu’elle n’ira pas vers un autre, un autre qui ne saurait que la carresser sans la battre.

Jeune homme, il peut s’offrir tous les plaisirs qu’il veut puisqu’il est libre et seul, mais il a peur de perdre celle sur qui son choix s’est arrêté, il a peur de s’attacher à une autre ou à d’autres et de gâcher la vie d’amour et de plaisir dont il attend les bienfaits.

Il sait bien que Lucette est pour lui l’idéal des femmes et qu’elle est d’avance consentante à partager sa despotique passion.

Nature, sinon faible, plus passive du moins que dominatrice, courageuse, indulgente et dévouée, elle possède à ses yeux toutes les qualités désirables pour