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Page:Chapais - Jean Talon, intendant de la Nouvelle-France (1665-1672), 1904.djvu/103

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JEAN TALON, INTENDANT

mai, elle produisent leurs fruits à la fin de celui d’août, et au commencement de celui de septembre. Ainsi quant aux choses nécessaires à la vie on les peut abondamment espérer de ce seul pays s’il est mis en culture, et je dis plus que quand il aura été fourni de toute sorte d’espèces d’animaux champêtres et domestiques à la nourriture desquels il est fort propre, il aura dans 15 ans suffisamment de surabondance tant en blé, légumes et chair qu’en poisson, pour fournir les Antilles de l’Amérique, même les endroits de la terre ferme de cette grande partie du monde. Je n’avance pas ceci légèrement et je ne le dis qu’après avoir bien examiné la force de la terre dans sa première nature et sans qu’elle ait reçu le secours et l’aide que le fumier donne à celle de France ; un minot de blé tout communément rend ici quinze, vingt et va jusqu’à trente, même au delà dedans les endroits bien situés. »

L’intendant entretenait ensuite Colbert des ressources minérales du Canada. Il avait longuement conféré sur ce sujet avec un fondeur envoyé par la compagnie, et réputé fort habile homme. Il lui avait soumis des fragments de minerai, de marcassites recueillis par lui dans différents lieux sur le littoral du St-Laurent, lorsqu’il remontait ce fleuve, et ce spécialiste avait déclaré que ces échantillons étaient très riches et qu’on pouvait même s’attendre à rencontrer de l’or et de l’argent dans les endroits où ils avaient été trouvés. Sur l’examen d’un morceau de roche arraché par Talon à Gaspé, le fondeur prétendait y découvrir de l’argent, et l’intendant annonçait qu’il l’y envoyait avec l’agent de la compagnie. Tout cela nécessitait quelques dépenses ; il prenait sur lui de faire les avances nécessaires cette année,